Chers amis chanteurs, comédiens et professionnels de la voix, cet article va vous apporter quelques éclaircissements sur la production des voyelles et surtout sur les possibilités de résonance de votre voix à partir de l’utilisation du triangle vocalique.
Un peu de phonétique pour commencer
La machine à fabriquer les voyelles
Au niveau du larynx, sous l’impulsion de l’air arrivant des poumons, les cordes vocales entrent en vibration. Cette vibration est transformée et enrichie de nouvelles fréquences en amont, en traversant les résonateurs (pharynx, cavités nasales, bouche). A partir de là, la couleur de la voix se construit, c’est ce qu’on appelle le timbre, il est propre à chacun car la forme et les dimensions de nos cavités de résonances varient d’un individu à l’autre.
En même temps, et sous l’influence des articulateurs (langue, lèvres, joues, voile du palais), les différentes voyelles orales ou nasales vont être émises. A chaque voyelle correspond un placement précis des articulateurs, qui définit le timbre vocalique.
Ce timbre vocalique varie peu d’un individu à l’autre au sein d’une même langue (en français, par exemple, tout le monde place sa langue, ses lèvres, son voile du palais dans la même position pour former un /a/).
Les voyelles en bouche
En français, on dénombre 16 voyelles. On utilise l'alphabet phonétique international pour les noter:
C'est le moment de parler des fameux formants
La position des articulateurs va générer des zones ou la vibration laryngée va être amplifiée, comme des poches de résonance, qui vont caractériser chaque voyelle. Ces zones de résonance sont appelées formants.
On retient généralement deux formants pour décrire chaque voyelle :
F1 qui correspond à la résonance dans la cavité pharyngée (autour de 750Hz)
F2 qui correspond à la résonance buccale (autour de 1200 Hz)
F1 et F2 sont dépendants du positionnement de la langue (base de langue, pointe de langue), du voile du palais, des lèvres (étirées, projetées), et de l’ouverture de la bouche par la position de la mandibule.
Un petit croquis vaut toutes les explications du monde!
On classe les voyelles à partir de leurs formants
... et voici qu'apparaît le célèbre triangle vocalique!
Tout ça est très intéressant, mais à quoi cela va-t-il nous servir ?
Un triangle qui aide à homogénéiser le timbre
Si vous passez lentement d’une voyelle à l’autre dans le sens du triangle vocalique, vous sentez une transition très progressive.
Par exemple, prononcez un /i/ et transformez-le lentement en /u/ puis en /ou/ : en même temps que la langue recule légèrement, libérant un peu d’espace à l’avant, les lèvres sont de plus en plus projetées.
Vous pouvez utiliser l’ordre des voyelles du triangle lors de vos vocalises pendant vos échauffements plutôt que l’ordre alphabétique /a e i o u/ qui n’a pas de logique acoustique. J'en parle d'ailleurs dans un article sur l'échauffement vocal.
Un triangle qui promène la résonance
Nous avons tous une voyelle sur laquelle nous aimons travailler car elle résonne plus que toutes les autres. En partant de cette voyelle et en suivant la logique du triangle vocalique, nous allons contaminer les voyelles proches puis plus éloignées avec cette résonance en essayant de la conserver.
Lorsque je prenais des cours de chant lyrique, dans ma jeunesse, mon professeur de chant me demandait souvent de "mettre du i dans le ou ", et j’avoue qu’à l’époque je ne comprenais pas trop ce qu’il attendait de moi… Voilà donc l’explication !